Phasya est la dernière-née des spin-offs de l’Université de Liège. Créée en décembre 2014, la jeune société a mis au point des lunettes capables de détecter la somnolence. Une innovation technologique qui pourrait ravir les conducteurs mais aussi bon nombre d’autres utilisateurs. Les explications de Jérôme Wertz, CEO et co-fondateur.
A peine née, la société Phasya a déjà fait beaucoup parler d’elle. Et pour cause ! La solution qu’elle lance aujourd’hui sur le marché est totalement innovante. «Nous avons développé un logiciel capable d’évaluer l’état de somnolence d’une personne sur base de paramètres oculaires, commence Jérôme Wertz, CEO et co-fondateur. Ce produit est le fruit de recherches menées, depuis 2007, à l’Université de Liège par l’équipe du Professeur Jacques Verly.»
120 images par seconde
Au cours des dernières années, d’autres technologies de quantification de la somnolence avaient déjà vu le jour. La firme liégeoise se distingue, toutefois, de la concurrence par ses analyses beaucoup plus poussées en la matière. «Nous avons également couplé notre logiciel à une paire de lunettes filmant l’œil de manière à offrir une solution complète à l’utilisateur. Concrètement, les lunettes que nous avons conçues sont équipées d’une caméra infrarouge prenant des images de l’œil à haute vitesse (120 images/seconde). Ces images sont analysées automatiquement et en temps réel par notre logiciel pour déterminer l’état de somnolence de la personne. Celui-ci oscille, sur une échelle de 0 à 10, entre “très éveillé” et ” endormissement”. De manière simplifiée, si l’œil se ferme trop souvent et trop longuement, l’alerte est donnée.». Actuellement utilisé avec la paire de lunettes développée par Phasya, le logiciel présente l’avantage d’être adaptable à d’autres plateformes fournissant des images de l’œil ou des paramètres oculaires (par ex., une caméra intégrée à un tableau de bord).
Priorité au monde de la recherche
Piquant régulièrement du nez au volant, vous souhaitez jeter votre dévolu sur cette innovation liégeoise ? Il vous faudra faire montre d’encore un peu de patience. «A ce stade, le produit utilisant les lunettes est uniquement proposé aux acteurs de la recherche : des centres spécialisés en narcolepsie, par exemple, ou des pharmacologues souhaitant étudier les effets secondaires de certains médicaments. En fonction des demandes que nous recevrons, nous déterminerons les secteurs dans lesquels notre technologie, sera commercialisée dès l’année prochaine. Au vu de l’intérêt, la sécurité routière en fera assurément partie. Il faut savoir que la somnolence est la première cause de mortalité sur nos routes. Elle est à l’origine de 20 à 30% des accidents. Les lunettes de Phasya pourraient donc sauver bien des vies.»
Le secteur du transport dans son ensemble tout comme celui de l’industrie constituent d’autres cibles probables. La somnolence y est également à l’origine d’accidents de travail. En particulier la nuit, entre 2h et 4h, lorsque que les aptitudes psychomotrices, les perceptions sensorielles et la vigilance s’émoussent.
Actuellement hébergée au sein des infrastructures du WSL, Phasya aborde l’avenir avec ambition : « Nous sommes convaincus d’avoir entre les mains une technologie dotée d’un fort potentiel. Les demandes que nous avons reçues émanant des Etats-Unis, d’Europe ou d’Asie nous confortent dans cette idée. A moyen terme, nous avons également la volonté d’exploiter notre logiciel dans d’autres domaines que celui de la somnolence », conclut Jérôme Wertz.
Au cours des prochains mois, Phasya participera à différents salons internationaux afin de clôturer son exploration du marché. Elle devrait ensuite procéder à une levée de fonds pour soutenir son développement.
Phasya : Rue des Chasseurs ardennais n°3 à 4031 Angleur – www.phasya.com