Beaucoup en rêvent. Au final, rares sont pourtant ceux à oser franchir le pas de la reconversion professionnelle. Ce choix audacieux, Thérèse Tuts l’a posé en 2015. Tournant le dos à un poste confortable de haut-fonctionnaire dans la fonction publique, elle s’est lancée avec passion dans la restauration. Un parcours inspirant pour tous ceux qui ne veulent pas se contenter d’une tiède insatisfaction…
Dans sa maison située sur les hauteurs de Liège, c’est toujours avec le sourire que Thérèse Tuts vous accueille dans son “restaurant”. Un lieu enchanteur foncièrement atypique. Et pour cause ! C’est au sein même de son salon – et sur sa terrasse quand la météo le permet – que cette juriste de formation a décidé de recevoir ses hôtes. Tous les midis, du lundi au vendredi, elle propose ainsi les mets qu’elle a imaginés à une clientèle (principalement) de la région et issue de milieux variés.
Assurant le service en salle ou s’affairant derrière les fourneaux, Thérèse mène une vie radicalement différente de celle qui était la sienne il y a quelques années encore. «En effet. Jusqu’il y a peu, mon univers professionnel se cantonnait exclusivement au monde du droit. Un temps avocate, j’ai intégré le parquet de Liège avant de rejoindre le SPF Justice, à Bruxelles. J’ai gravi les échelons pour finalement occuper le poste de sous-directrice de l’Institut de Formation Judiciaire (IFJ), un organisme chargé de la formation continue des magistrats et membres du personnel de l’Ordre judiciaire.»
Un parcours sans faille, avant que les choses ne tournent à l’aigre fin 2013: « A cette époque, j’ai dénoncé des irrégularités dans la gestion et le management de l’institut. Cet acte s’est traduit par l’ouverture d’une enquête disciplinaire. Un épisode relativement long et pénible qui m’a cependant permis de réfléchir à mon avenir professionnel. Je ne parvenais plus à me projeter dans le domaine du droit. J’ai senti que c’était le moment de concrétiser un rêve que je nourrissais depuis longtemps : ouvrir une table d’hôtes.»
Une cantine à la maison
Sa décision prise, Thérèse se met en quête d’un lieu susceptible d’accueillir son nouveau projet. «J’ai parcouru la région. J’ai même un temps pensé m’établir à l’étranger…avant de finalement envisager de créer cette activité au sein de ma propre maison ! Avant d’avaliser cette idée, je voulais absolument obtenir le feu vert de mon conjoint et de mes enfants. Il s’agissait quand même d’une sérieuse intrusion dans leur environnement. Fort heureusement, tous m’ont donné leur bénédiction.»
Et c’est ainsi qu’au mois de mai 2015, Chez Thérèse a ouvert ses portes. « Nous ne sommes pas situés à un endroit de passage. Il a donc fallu quelques mois pour que l’adresse se fasse connaitre. Depuis lors, le bouche à oreille a fait son œuvre et nous affichons un joli taux de fréquentation.»
Epices, légumes et bons vins
Pour séduire la clientèle, notre restauratrice en herbe a volontairement misé sur une carte restreinte. Seuls deux plats et un dessert – renouvelés chaque semaine – figurent au menu. Plus que sur l’exhaustivité, l’accent est mis sur la qualité. « Je propose des plats que j’aurais envie de servir à des amis venant à la maison. Je joue beaucoup avec les légumes, les épices…» Quant aux amateurs de vins, ils y trouvent également leur compte : «Mon conjoint (ndlr : l’avocat Benoît Lespire, cabinet BLS) est un grand passionné de vin. Ses connaissances en la matière nous permettent de proposer une carte très qualitative, composée de crûs que l’on peut difficilement trouver ailleurs. Une réelle plus-value pour l’établissement.»
Reconversion réussie
On pourrait aisément imaginer que Thérèse mène son quotidien sur un rythme moins haletant que par le passé. Il n’en est rien : « Je bosse plus qu’avant, s’amuse—t-elle. Une telle activité, aussi petite soit-elle, demande en effet un travail permanent de réflexion, de création et de gestion. Le stress est également présent. Ainsi, je me demande toujours si je vais être à la hauteur, si les gens vont apprécier ma cuisine, mon sens de l’accueil. Pour autant, je n’ai jamais regretté d’avoir quitté mon ancien emploi et les revenus confortables qu’il générait. Aujourd’hui, je me réalise pleinement dans mon travail. Est-ce que je me vois encore faire cela dans 10 ans ? Je ne sais pas. Peut-être est-ce un tremplin avant une prochaine étape. Je préfère ne pas me fixer d’objectifs et d’abord savourer cette reconversion.»
Chez Thérèse : Rue sur les Huts n° 19 à 4052 Beaufays – Tel : 0495/58.49.05
Ouvert tous les midis, du lundi au vendredi. Ouvert en soirée (sur demande) pour des groupes de min.8 personnes