Liège-Verviers

Jean-Paul Rosette : l’instinct entrepreneurial

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Aux longues analyses théoriques, Jean-Paul Rosette préfère le goût du terrain et le sens de l’intuition. Un flair qui, voici deux ans, l’a incité à faire l’acquisition de Carat Duchatelet. Fort de cette reprise réussie, l’entrepreneur theutois est devenu, cet été, le nouveau propriétaire de Bodart & Gonay. Retour sur un étonnant parcours, guidé par l’action.  

Aux commandes de Carat Duchatelet depuis mai 2014, Jean-Paul Rosette ne cache pas sa satisfaction. « Je n’ai jamais eu autant de plaisir à travailler », souligne-t-il. «J’ai enfin le sentiment d’accomplir ce pourquoi j’étais fait.»

Il y a une trentaine d’années, rien pourtant ne prédestinait ce passionné d’automobile à accomplir le parcours qui est le sien. «Au terme d’études supérieures en informatique, j’ai intégré la Direction du Personnel de la SNCB avant de rejoindre la Régie des Télégraphes et des Téléphones en tant que spécialiste IT. En toute franchise, la pratique informatique était loin de m’exalter. J’avais opté pour ce créneau car on m’avait convaincu qu’il m’offrirait du travail. Il était en réalité assez éloigné de ma personnalité.»

Un an après son entrée à la RTT, Jean-Paul Rosette est nommé. « Jusqu’à la pension, ma voie était tracée…» Un chemin confortable qu’il va préférer quitter pour rejoindre les rangs du Club Med pour devenir le responsable financier de deux villages. « Un poste qui ne me dispensait pas de participer aux spectacles et animations (rires).»

Au début des années 90, Jean-Paul Rosette se frotte à d’autres cultures professionnelles en endossant la casquette “d’ambassadeur commercial” pour le compte de grandes entreprises, en Afrique et au Moyen-Orient. Une expérience enrichissante qui s’étendra sur cinq ans.

En 1996, notre entrepreneur theutois renoue avec l’informatique en intégrant la société de Tésor (devenue FleXos) aux côtés de son frère, Francis. Spécialisée dans l’installation et la maintenance de matériel informatique, l’entreprise se distinguera en ouvrant le premier point d’accès internet sur la zone “087”. «En 2008, nous avons également innover en devenant la première PME wallonne du secteur IT cotée sur le marché libre d’Euronext Brussels.»

Trois années après cette introduction boursière, Jean-Paul Rosette entend parler de ClariLog. «Etablie, à Saint-Quentin, cet éditeur français de logiciels professionnels rencontrait des difficultés et était à remettre. Après plusieurs mois de tergiversations, j’ai repris les actifs de l’entreprise et l’ensemble du personnel, soit une vingtaine de collaborateurs.»  Remise sur les rails, ClariLog France poursuit, depuis lors, sa marche en avant.

Cette première reprise réussie aiguise l’appétit entrepreneurial de Jean-Paul Rosette. Aussi, lorsqu’en 2013, il apprend la délicate situation de Carat Duchatelet, il décide de se porter candidat. «Je l’ai fait avec une certaine dose de naïveté, sans trop oser y croire. Le premier jour, j’avais peut-être 1% de chance de réussir ce rachat. Après une semaine, 5% et ainsi de suite.» Concrétisée au printemps 2014, l’acquisition ne s’est pas faite sans dommages. « Nous n’avons pu conserver que 29  collaborateurs sur 80. Aujourd’hui, grâce à un carnet de commandes bien rempli, l’effectif est déjà remonté à 47 personnes.»

Plus productif que jamais, Jean-Paul Rosette a mis l’été 2016 à profit pour acquérir une autre marque forte : Bodart & Gonay. «La reprise de Carat m’ayant conféré une certaine crédibilité, ce dossier fut plus facile à finaliser. Nous sommes toujours en phase de redémarrage, mais les premiers résultats sont encourageants puisque nous devons augmenter notre fabrication pour répondre à la forte demande des revendeurs. »

Des projets et des idées, Jean-Paul Rosette en nourrit encore. « Je dispose désormais des connaissances et d’un réseau professionnel susceptibles de vite faire avancer un dossier. Je ne suis pas encore rassasié !»

 

BIO EXPRESS

  • Né en juillet 1961, à Verviers
  • 1973 : débute des humanités scientifiques au Collège Saint-Roch, à Theux
  • 1982 : décroche un  diplôme d’études supérieures en informatique à l’Institut Saint-Laurent, à Liège
  • 1984 : rejoint la Direction du personnel de la SNCB
  • 1985 : intègre le département informatique de la RTT
  • 1988 : devient responsable financier de deux villages du Club Med
  • 1990 : travaille pour le compte de grands groupes, en Afrique et au Moyen-Orient, tout en complétant sa formation par un MBA aux Etats-Unis
  • 1996 : crée,  aux cotés de son frère, la société informatique « de Tésor » (qui deviendra FleXos)
  • 2011 : fait l’acquisition d’une société française d’informatique, ClariLog
  • 2014 : rachète l’entreprise Carat Duchatelet
  • 2016 : poursuit sur sa lancée avec l’acquisition de Bodart & Gonay
  • Père d’un enfant
  • Véritable touche-à-tout, il s’est notamment adonné à la pratique du karting, de l’enduro et du rallye auto en compétition

 COUP DE GENIE
«La reprise de Carat Duchatelet apparaît comme le plus haut fait de ma carrière. Mais cette acquisition ne s’est pas uniquement construite au cours des six mois qui l’ont précédée. Avec le recul, je m’aperçois que je me suis, toute ma vie, préparé à faire ce que je fais aujourd’hui. Ainsi, le rachat de ClariLog, tout comme mon expérience en Afrique et au Moyen-Orient, ont été autant d’étapes qui m’ont aidé dans cette reprise.

Mes choix  professionnels n’ont jamais été guidés par l’atteinte d’un objectif précis. J’ai toujours fait les choses parce que je les ressentais. Aujourd’hui, toutes les pièces du puzzle s’assemblent et me démontrent, si cela était nécessaire, qu’il n’existe pas de hasard dans la vie.

Quel est mon secret pour revitaliser des sociétés en difficulté ? Je n’ai pas de recette miracle. J’essaie de redonner confiance à des équipes, souvent, psychologiquement éprouvées en leur démontrant que ce sont elles qui détiennent la solution. Je m’active également sur le terrain pour gagner de nouveaux contrats ou récupérer d’anciens clients. Enfin, je m’atèle à ne pas choisir une seule et unique direction. Cela reviendrait à cadenasser le futur. Je préfère, en toutes circonstances, garder un esprit ouvert pour mieux appréhender les opportunités.»

COUP DE CŒUR
«Fort logiquement, j’ai une pensée pour mes proches. C’est parce que j’avais ce roc solide sur lequel m’appuyer que j’ai pu tenter certaines aventures professionnelles.

Je voudrais également saluer mes deux conseillers financiers sans qui je n’aurais pu concrétiser les rachats de ClariLog et de Carat Duchatelet.

Cette question m’invite, enfin, à penser à toutes les personnes croisées au cours de ma carrière. Y compris celles avec lesquelles cela ne s’est pas bien passé, car elles m’ont aussi permis d’avancer. De manière générale, je veille à ne pas me fâcher avec les gens. Je considère en effet que chaque personne est une possible connexion vers autre chose. Cette connexion est peut-être un pont branlant, mais c’est elle qui me permettra d’atteindre l’autre rive.»

COUP DE GUEULE
«Comme tout un chacun, il y a des choses qui m’agacent. Mais je ne souhaite pas gaspiller du temps et de l’énergie à vouloir changer des éléments sur lesquels je n’ai pas prise. Je préfère considérer que certains obstacles font partie de mon environnement et que je dois me dépasser pour les éviter ou les surmonter.»

DU TAC AU TAC

  • Quelle est votre plus grande qualité ?

J’ai une vision instinctive des éléments. Je ressens les choses instinctivement avant de les ressentir dans ma tête. J’affiche également une détermination sans faille et trouve énormément d’énergie dans l’adversité.

  • Votre plus gros défaut ?

Je préfère agir de manière individuelle. Au sein d’une entreprise, j’aime organiser des teams et voir les gens travailler en équipe, mais j’ai tendance à me mettre systématiquement et volontairement en retrait.

  • Avez-vous une devise ?

Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait.

  • Si c’était à refaire…

Je ne suis pas du genre à me martyriser l’esprit en pensant à ce que les choses auraient pu être. Toutefois, à refaire, je croirais bien plus tôt dans mes capacités professionnelles. Par ailleurs, je n’attendrais pas aussi longtemps pour découvrir le monde. J’aurais dû, dès l’adolescence, prendre mon sac à dos et voyager.

CLARILOG, C’EST :

  • Une PME française d’édition de logiciels informatiques professionnels
  • 25 collaborateurs
  • 13 années d’existence
  • 1,5 million € de chiffre d’affaires

CARAT DUCHATELET, C’EST :

  • Une entreprise spécialisée dans l’aménagement de véhicules de luxe (personnalisation, allongement, rehaussage, blindage…)
  • 47 collaborateurs (29 en 2014)
  • 48 années d’existence
  • 16 millions € de chiffre d’affaires (3 millions € en 2014)
  • Une clientèle composée à 90% de chefs d’Etat (essentiellement issus d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient)

BODART & GONAY, C’EST :

  • Une société active dans la conception et la fabrication d’appareils de chauffage au bois et au gaz, principalement sous forme de foyers encastrables
  • 25 collaborateurs
  • 59 années d’existence
  • 6 millions € de chiffre d’affaires

 Carat Duchatelet : Rue Winston Churchill n°413 à 4020 Liège – www.caratbyduchatelet.com

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Rédactrice en chef (Liège-Namur)
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