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Thierry Van Renterghem (Wave Distil) : atteindre son but… sans ballon !

5 Minute(s) de lecture

  • Un projet de carrière professionnelle brisé par un accident
  • Une révélation menant à une reconversion
  • Un battant qui a appris que tout vient à point à qui sait attendre

Thierry Van Renterghem ne veut pas s’appesantir sur un drame qui lui a coupé les ailes : son mental de sportif lui a appris à aller de l’avant. Alors, il s’interdit de jeter un coup d’œil par-dessus son épaule pour estimer l’étendue d’un gâchis : celui d’une carrière de footballeur professionnel brisée par un méchant accident à la jambe qui lui a laissé des séquelles à vie.

C’était l’histoire d’un jeune homme de 19 ans, footballeur très prometteur, qui suivait les conseils du Président de son club de Mouscron pour mener en parallèle de son activité sportive, des études de dentisterie. Après la date funeste du 15/08/92, 1 an et demi d’hospitalisation et une petite trentaine d’opérations, le conte de fées s’est mué en un parcours jalonné de défis et succès pour celui qui, entre-temps, était devenu un homme. Leçon de résilience…

CCI mag’ : « Votre rêve avorté, comment avez-vous réorienté votre carrière » ?

T.R. : « J’ai bifurqué vers des études d’archéologie – Histoire de l’Art à l’UCL. J’ai travaillé au Louvre comme copiste et restaurateur d’œuvres d’art. Sur mon lit d’hôpital, je m’étais mis à peindre passionnément, à reproduire des toiles de maitres (ndlr : joignant le geste à la parole, il fait défiler sur son smartphone ses réalisations surprenantes, inspirées notamment des surréalistes, de Dali à Magritte…). J’ai pu aussi organiser des expositions et travailler dans l’administration. Je suis resté 7 ans au WBI En 2011, je l’ai quitté définitivement pour me consacrer à ce que je voulais vraiment faire… Mon challenge était de parvenir à… obtenir une bonne vodka ! »

CCI mag : « Votre changement radical d’orientation vous a été imposé par les événements. Par quels stades êtes-vous passé » ?

T.R. : « Ceux que traversent tous ceux qui sont confrontés à un drame : la colère, l’acceptation. Et le stade final qui va me pousser à me relever, à opérer mes autres choix de vie. J’en ai tiré le grand enseignement que quand on veut, on peut ; ça peut faire mal d’y arriver, mais il faut suivre son objectif. J’ai fait de la kiné intensive et j’ai récupéré d’une façon qui a sidéré mes médecins. Aujourd’hui, plus de 20 ans après mon accident, la sensibilité me revient dans le pied, mes nerfs semblent retrouver le chemin ! J’ai aussi appris aujourd’hui à composer avec la douleur, sans prise de médicaments, bref, j’ai appris à me connaître moi-même. Un jour n’est pas l’autre et je m’adapte en fonction des messages de mon corps ».

CCI mag’ : « Parlons-en, de cette faculté d’adaptation. Etiez-vous un enfant flexible, jamais effrayé par le changement ? »

T.R: « En effet, je m’adaptais vite, dans tous les domaines. Après l’école, je suivais 1h, 1h30 d’entrainement sportif quotidien. Après cela, je rentrais à la maison à vélo, éreinté et encore tout secoué d’adrénaline. Parfois, je montais même les côtes en marchant à côté de mon bicycle (rires). Le week-end, il y avait les matchs. Et, à côté du sport, les études : le Président de notre club insistait d’ailleurs pour que nous les poursuivions sérieusement, rejoignant en cela les vœux de nos parents. Bref, il fallait effectivement être flexible ».

CCI mag’ : « Qu’est-ce que votre expérience antérieure a pu vous apporter dans votre vie professionnelle ? »

T.R. : « Bien entendu, la volonté, la ténacité et l’esprit d’équipe. De mon expérience de capitaine d’une équipe de foot, en particulier, j’ai aussi appris : à faire des compromis avec mes interlocuteurs et que certains peuvent s’améliorer en travaillant, en écoutant les conseils, en regardant ceux qui sont meilleurs qu’eux sur le terrain et dont ils s’inspirent. Et puis, j’ai découvert que l’on peut toujours trouver du positif, même dans des expériences malheureuses, parfois nécessaires pour réussir. Richard Branson comparait les affaires à un tour de force, fait de hauts et de grands bas. Oui, une société que vous lancez va vivre et connaître ses maladies… ».

CCI mag’ : « Vous avez tendance à penser que tout a une corrélation… »

T.R. : « Oui, effectivement. Mes études d’Archéologie-Histoire de l’Art m’ont par exemple amené à songer à la pierre de tuffeau que j’avais étudiée et admirée dans les abbayes de Poitou-Charentes, pour filtrer ma vodka. C’est en effet une pierre semi-poreuse qui permet l’élimination des sédiments, en conservant les minéraux ».

CCI mag’ : Parlez-nous plus en détail de votre activité actuelle »

T.R. : « J’avais en moi le désir de créer une bonne vodka, aiguillonné par la lecture du « théorème de la parfaite vodka » du chimiste Mendeleïev. Notre vodka ne brûle pas ; elle est équilibrée et se met au frigo, pas au congélateur, proche de cette « petite eau » dont parlait Mendeleïev (ndlr vendue sous les noms de : Cosmik Pure Diamond, Cosmik apéro). C’est le premier produit de Wavedistil. Chaque fois qu’elle intègre des concours, cette vodka est placée dans le peloton de tête. En 2012, elle finissait ainsi 3è meilleure vodka au monde lors du Blind Taste de Chicago. Après la vodka, j’ai voulu compléter l’éventail de produits avec du whisky (August 17th, August 17th Brutus et Skot’ Tiche), du gin (GemBlue gin, Gemblue Barrel), de la téquila (Casa Belga Blanco, Casa Belga Reposado), du rhum (Gabriel). Grâce à mon associé, Pascal Wauters, à notre excellente entente et notre complémentarité, nous parvenons à nous faire un nom ».

CCI mag’ : « Aviez-vous sous-estimé certaines difficultés ? Et comment avez-vous pu tirer votre épingle du jeu ? »

T.R : « Effectivement ! J’avais sans nul doute sous-estimé la puissance de certains sur le marché des alcools ; 3 multinationales trustent le secteur pour la vodka. Ces mastodontes ont des accords avec les grandes surfaces, payent les linéaires… C’est au détriment d’entrepreneurs locaux. J’ai donc créé plusieurs produits, différentes gammes, dans des marchés où les «gros » sont moins présents, moins « destructeurs ». Nous occupons des niches ; nous faisons par exemple un whisky (Skot’ Tiche) que la plupart apprécient, des boissons qui suivent les recettes que nous avons mises au point de A à Z, qui ne sont pas formatés comme chez les industriels. De plus, nous pouvons envisager des cadeaux personnalisés, ce qui leur est impossible. Et nos prix sont assez concurrentiels car nous n’avons pas d’intermédiaires. Notre argument est la douceur. Nous faisons de bons distillats, en maitrisant parfaitement le degré d’alcool ».

CCI mag : Quels rêves poursuivez-vous, pour votre société et pour vous-même ?

T.R : « Nous voudrions conquérir encore davantage le marché belge ; pour l’instant, nous nous développons en Flandre, après avoir gagné en crédibilité. Nous exportons au Luxembourg et sommes en négociation avec le Liban, pour le whisky et la Chine, avec l’ouverture du centre Benelux afin d’importer des produits certifiés de Belgique ».

Rue des Praules, 2 à 5030 Gembloux – Tél : 081/61.50.47 – www.wavedistil.be

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À propos de l’auteur
Rédactrice en chef (Brabant wallon - Hainaut - Wallonie picarde)
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