Le maraîchage est une tradition liégeoise très ancienne, en particulier du côté de Vottem, longtemps surnommée d’ailleurs « Cité des maraîchers ». C’est pourtant de l’autre côté de la vallée, sur les hauteurs de Jupille, que François Sonnet a créé le « Champ des possibles ».
« En 2016, j’ai loué un terrain argilo-limoneux d’environ un hectare sur lequel je cultive diverses sortes de légumes » explique François Sonnet.
En cette fin du mois de février, c’est le temps des préparatifs avant les semailles. Il faut travailler la terre avant le printemps, étendre le fumier sur le champ, soigner les fraisiers, tailler les groseilliers ou les framboisiers. Il faut aussi préparer les deux serres en plastic, qu’on appelle des « tunnels », où grandiront les tomates, les concombres, les aubergines et les autres légumes d’été.
Surtout, ne pas perdre le nord !
Une quarantaine de variétés de légumes en plein champ grandissent sur ce terrain exposé plutôt au nord, « ce qui n’est pas plus mal », affirme François Sonnet, « car en été, j’ai remarqué que les prés voisins plus exposés au sud souffrent beaucoup plus que nous de la sécheresse. »
Sur ce site des Piétresses, les récoltes varient selon les saisons. Au printemps : radis, carottes, salades, oignons, petits pois, épinards. En été : haricots, tomates, courgettes, concombres, aubergines, pommes de terre. En automne : choux, poireaux, potimarrons, maïs doux, céleris raves, betteraves rouges.
Mais en fait, pourquoi avoir choisi de s’installer à Jupille plutôt qu’à la campagne ? « Je souhaitais vraiment lancer cette activité agricole en zone urbaine, sur le territoire de la ville. En plus, le terrain est proche de mon habitation et cela rend la vie plus facile. »
Une centaine d’abonnés
Représentant commercial chez AIB Vinçotte, François Sonnet a donc changé de cap. Il est devenu indépendant mais il n’est pas seul pour autant.
« Le champ du possible n’est pas une coopérative comme c’est souvent le cas dans le secteur de l’agriculture écologique et biologique. Je fonctionne avec des abonnés qui paient 365 € par an. Ces consomm’acteurs pratiquent l’auto-cueillette. Quand les légumes sont arrivés à maturité, les membres viennent récolter sur le champ, chaque semaine quand ils le souhaitent, la part qui leur revient. Le terrain est toujours accessible. Le système est évidemment basé sur l’honnêteté et la confiance entre le producteur et les abonnés. Les membres ont aussi accès aux comptes et ont leur mot à dire dans le plan de gestion et de production. Avec certains d’entre eux et l’asbl bruxelloise « Terre-en-vue »,nous avons acquis un verger situé en face de notre terrain. Cela nous permet de compléter notre gamme de produits en proposant des fruits locaux et de saison. »
Une BD pour raconter
Sans emploi du jour au lendemain en 2013, François Sonnet a rebondi dans un secteur qui lui tenait particulièrement à coeur. « En fait, c’est tout un nouveau projet de vie. Je souhaitais avoir une activité proche de la nature, avec une production 100 % naturelle qui respecte le rythme des saisons. Peut-on en vivre ? Ce n’est pas seulement une question d’argent mais aussi de priorité. En tout cas moi, ce que je gagne me suffit. »
Cette histoire singulière d’un vrai passionné et de sa reconversion est racontée par Benjamin Fischer et François Sonnet lui-même dans une bande dessinée, « Le champ des possibles, comment je suis devenu paysan », illustrée par Chris Damaskis et éditée par le Chaînon manquant.
