Contipharma, société liégeoise active dans la distribution de médicaments génériques, vient d’officialiser, avec le Ministère de la santé congolais, l’ouverture d’un bureau et la mise en place d’une usine de conditionnement de médicaments génériques aux normes européennes à Kinshasa. La société vient aussi de décrocher un accord avec la Banque mondiale pour la fourniture de produits européens de santé et de médicaments génériques pour la RDC d’un montant d’environ 4,5 millions de dollars.
Cela fait à présent plus de deux ans que Contipharma se développe en RDC. L’entreprise a été fondée en 2015 par le pilote Bernard Delhez, initialement pour faire du commerce de médicaments. Durant la pandémie, Contipharma a travaillé en partenariat avec l’Université de Liège, à la création, puis la distribution internationale, d’un test PCR salivaire pour le diagnostic du Covid-19. « Nous l’avons développé notamment en RDC » explique son CEO Bernard Delhez. « Nous travaillons aussi avec l’Institut des médecines tropicales à Anvers et l’Université de Montpellier. Fort de cette expérience, nous avons créé en 2021 notre propre département de R&D. »
Le Professeur Jean-Jacques Muyembe, codécouvreur du virus Ebola et directeur général de l’Institut national de recherche biomédicale (INRB) de Kinshasa, a accepté la présidence du conseil scientifique de Contipharma ; voilà une belle reconnaissance pour la PME liégeoise.
Opportunités africaines
De nombreuses opportunités se présentent à elle en Afrique. « Le marché africain, inondé de produits asiatiques, souhaite de plus en plus se tourner vers des productions européennes. Nous avons pris ce chemin de développer des génériques européens sur le continent africain qui représente 90 % de notre chiffre d’affaires.»
En 2022, Contipharma a signé une convention de recherche avec l’INRB pour le développement d’autotests de diagnostic non-invasif (salivaires) de différentes infections. « Nous avons actuellement des demandes de quatre pays outres (la RDC, l’Algérie, le Bénin, l’Angola et la Guinée) pour ces autotests. Nous exportons aussi des médicaments génériques, ou sous licence, en pénurie ou inaccessibles aux populations en raison de leur prix. »
La société propose également des dispositifs médicaux ou du matériel de testing. « Nous disposons à présent d’une filiale à Kinshasa et nous allons ouvrir un atelier de conditionnement de médicaments génériques produits en Europe ou répondant aux normes CE directement sur place. Notre motivation est de vendre mille produits à 1 euro à l’opposé de la norme du secteur pharmaceutique. Avec le contrat signé avec la Banque mondiale, nous sommes à présent référencés comme fournisseurs dans sa banque de données. »
L’activité de Contipharma se développe aujourd’hui dans trois secteurs : le mise au point et la commercialisation de tests salivaires, la fourniture et le développement de médicaments génériques européens pour l’Afrique et la mise en place d’unités mobiles de soins. « Nous avons commencé cette diversification il y a plus de deux ans en Belgique avec des camions de testing pour le Covid. »
Cette activité a pris une belle ampleur. « Ces unités mobiles permettent de faire de la prévention. Notre idée est d’aller vers le patient plutôt que celui-ci se déplace vers le centre de soins. Nous pouvons les utiliser pour des campagnes de vaccins. Nous avons reçu une demande d’un pays africain pour une unité mobile dotée d’un scanner. Un axe de développement très important, et pas seulement en Afrique. Tout ce qui est mobile a un grand avenir. »
(Photo Contipharma)