Selon une analyse poussée réalisée par openthebox et Agoria auprès de 300 entreprises belges en expansion, il ressort que leurs fondatrices et administratrices font encore exception dans le secteur, en dépit de tous les efforts.
Seuls 10 % des créateurs d’entreprise et à peine 13 % de leurs administrateurs sont des femmes. Bien qu’au cours des dix dernières années, le pourcentage de travailleurs féminins en légère hausse soit passé de 33 à 36 % au sein des startups et scale-ups étudiées, Steve Deplacie de la société openthebox constate qu’il y a moyen de faire beaucoup mieux.
De son côté, Agoria, la fédération de l’industrie technologique, tente de briser ce statu quo en accordant davantage d’attention à la composition des équipes fondatrices et en encourageant activement les investisseurs à désigner des représentantes féminines au sein des conseils d’administration de leur portefeuille d’entreprises.
La plateforme openthebox, qui recueille des données d’exploitation et cartographie les réseaux d’entreprises à l’aide d’une technologie IA avancée, et Agoria se sont donc penchées sur les données de quelque 300 startups et scale-ups technologiques belges qui ont participé aux fameux programmes d’accélération comme imec.istart, Start It KBC et Deloitte’s Technology Fast 50. Elles ont analysé la proportion de femmes fondatrices, administratrices, salariées par rapport à la proportion d’hommes, en se concentrant sur les entreprises créées de 2011 à 2022.
Il ressort des données que le pourcentage de femmes fondatrices de startups, créées entre 2017 et 2022, a augmenté par rapport aux startups créées entre 2011 et 2016, passant de 8 à 10 % du nombre total de fondateurs.
«En dépit des efforts réalisés par le secteur au cours de ces deux dernières décennies, il y a encore trop peu de femmes fondatrices de startups” constate Steve Deplacie, Managing Director de openthebox. “Il en va de même concernant les administratrices dont le pourcentage a même régressé, passant de 15 à 13%. »
Parmi toutes les entreprises analysées, 79 % comptent des membres fondateurs exclusivement masculins contre seulement 3 % de membres fondatrices.
Dans le groupe des administrateurs, 71 % des entreprises comptent uniquement des administrateurs masculins alors que 26 % seulement des entreprises comptent au moins une administratrice en plus d’un homme administrateur.
Une analyse complémentaire effectuée auprès d’environ 70 startups ayant un membre fondateur féminin révèle que 85 % de ces entreprises comptaient aussi au moins un membre cofondateur masculin. Ces entreprises comptent au total 83 fondatrices et 129 fondateurs.
« Les membres fondateurs de sexe féminin ne recrutent pas pour autant plus de salariés féminins » souligne Laurence Jacobs, Women in Tech Ambassador chez Agoria. « Les femmes restent largement sous-représentées, leur part étant seulement d’environ 30 %. Les conseils d’administration de ce groupe d’entreprises se composent de 32 % de membres féminins. »
La stratégie de développement durable ‘Technology for a better world’ d’Agoria définit par conséquent des objectifs clairs et précis concernant les ratios hommes/femmes au sein des entreprises technologiques, comme l’amélioration chaque année du ratio hommes/femmes, de l’égalité des sexes dans le cadre des recrutements et des promotions et la nomination d’au moins 25 % de femmes à des postes de direction d’ici 2030.
Briser le statu quo
Agoria considère également que les accélérateurs et les fonds d’investissement ont un rôle positif à jouer pour briser ce statu quo. D’une part, ils peuvent tenir compte de la diversité de genres lors de l’encadrement des jeunes entreprises à la recherche de membres cofondateurs pour leur projet.
« Plusieurs études internationales ont montré que les entreprises fondées et dirigées par des femmes enregistraient de meilleures performances en termes d’efficacité, de retour sur investissement et de bénéfices d’exploitation » ajoute Laurence Jacobs. “Elles obtiennent de meilleurs scores ESG et investissent davantage dans la formation et l’évolution de leurs collaborateurs. La priorité à la diversité de genre devrait aller de soi. »
(Photo Ernesto Eslava / Pixabay)