
À l’occasion de son 20e anniversaire, le centre de compétences Epicuris, orienté vers les métiers de bouche, a présenté un programme de formations itinérantes. Ce concept original devrait générer une réelle plus-value dans différentes branches en déficit chronique de main-d’oeuvre, comme la boucherie ou la boulangerie-pâtisserie.
Au sein de l’industrie alimentaire wallonne, qui est un secteur clé pour l’économie du sud du pays, près de 800 postes sont actuellement vacants, selon la Fevia, la Fédération de l’industrie alimentaire belge. Le Forem, de son côté, comptabilise 360 emplois disponibles dans le seul secteur de la viande et 209 dans celui de la boulangerie-pâtisserie.
« Dans un contexte économique morose, marqué par de nombreuses incertitudes, Epicuris a fait le choix de l’opportunisme positif » déclare sa directrice, Noémie Henry. L’axe central de sa stratégie est le nomadisme : « c’est la formation qui va au formé ». De cette façon, Epicuris se déplace au plus près des entreprises ayant des besoins spécifiques en matière de recrutement et de formation d’ouvriers qualifiés. Le centre de compétence des métiers de bouche répond, du même coup, à un manque éventuel de mobilité, notamment dans le chef des certains chercheurs d’emploi.
Proche des entreprises
Ce concept de nomadisme est né pendant la crise du Covid. Contraintes sanitaires obligent, Epicuris a dû délocaliser ses ateliers de formation au LoYo Mons Expo et le succès fut immédiatement au rendez-vous. Le 1er janvier 2022, l’ASBL a donc fait le choix de devenir le premier centre de compétence nomade en quittant pour de bon le bâtiment qu’elle partageait depuis sa création avec le centre IFAPME de Villers-le-Bouillet.
Depuis lors, Epicuris loue, pour une durée de six mois, un espace de 2.500 m² environ et y installe des ateliers de métiers de bouche entièrement équipés, des espaces de stockage et une permanence administrative.
Les années paires, il vise le Hainaut et le Luxembourg ; les années impaires, la province de Liège et la zone Brabant wallon/Namur. En 2024, il a ainsi établi ses quartiers à Morlanwelz au premier semestre et à Bastogne au second semestre. Depuis janvier 2025, son « Epicuris éphémère » s’est établi à Liège.
Epicuris dispose, en outre, de trois camions-ateliers qui se déplacent à proximité immédiate des entreprises demandeuses. « Grâce à ces unités mobiles, nous avons renforcé notre capacité à développer des formations sur mesure pour les entreprises alimentaires et à répondre ainsi à des besoins non rencontrés », commente Noémie Henry. « Alors que le taux d’insertion moyen est de 86 % après formation chez Epicuris, il atteint 99 % pour les formations sur mesure, ce qui est parfaitement logique dans la mesure où les personnes formées sont placées dans un contexte d’apprentissage très proche de leur futur emploi. »
Pour Patrick Schiffers, administrateur délégué de l’entreprise Jean Gotta à Aubel (abattage et découpage de viande bovine), ces formations courtes sur site sont un atout majeur. « Le recrutement de main-d’oeuvre dans le secteur de la viande est devenu très compliqué car il y a de moins en moins de personnes formées. Le mé5er est difficile et nous souffrons peut-être aussi d’un problème d’image. Former des personnes non qualifiées dans l’environnement direct de l’entreprise et leur permettre d’intégrer assez rapidement nos ateliers est un ‘plus’ indéniable dans un tel contexte. »
En 2024, Epicuris a dispensé des formations à plus de 23.000 personnes au total. Le centre a également informé ou sensibilisé 671 entreprises liées aux métiers de bouche durant l’année écoulée. Un concept qui fait mouche : certains pays étrangers – c’est notamment le cas des Emirats arabes unis – ont pris contact avec le centre de compétence wallon pour qu’il exporte son savoir-faire en matière de formations nomades.