Spin-off de l’Université de Liège, la jeune société Aquilon Pharma développe des traitements innovants contre les crises d’asthme et d’autres maladies respiratoires liées à la pollution. Les premiers produits devraient sortir vers 2022. Ils intéressent déjà le marché chinois.
113ème spin-off de l’Université de Liège, Aquilon Pharma a pour objectif de développer des complexes chimiques innovants dans le traitement de maladies pulmonaires. La société a été fondée, en 2015, grâce aux travaux menés par les Professeurs Didier Cataldo (pneumologue et chercheur au Giga) et Brigitte Evrard (Département de pharmacie de l’ULiège).
Au cours de leurs recherches, ces deux derniers ont découvert que la cyclodextrine, substance utilisée pour permettre d’encapsuler diverses molécules, et des représentants des trois principaux traitements existants contre l’asthme et la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), agissaient de concert pour lutter contre l’inflammation.
En 2013, l’Université de Liège demande à Paul Maes de faire grandir la jeune pousse. « Le projet scientifique était très intéressant, mais il fallait voir si l’idée de départ était brevetable », explique-t-il. Originaire de Visé, ce pharmacien spécialisé en engineering chimique de l’ULiège affiche un impressionnant CV. En 1984, il travaille pour SMB Laboratoires & Galephar Group. En 1998, il part pour l’Amérique du Nord où il est nommé vice-président recherche de Biovail pour la technologie pharmaceutique, à Toronto et à Washington D.C. En 2006, de retour en Europe, il rejoint le groupe de consultance Axialyze à Liège. Ce qui l’amène à réaliser des audits, notamment pour WBC.
Fin 2015, il s’associe aux deux chercheurs pour développer la spin-off Aquilon Pharma SA, financée par des business angels. « Nous avons obtenu une avance récupérable de la Région wallonne d’environ 500.000 euros pour faire avancer la première partie. » Jusque-là investisseur, Paul Maes est nommé CEO de la société mi-2016. « L’objectif est d’augmenter la visibilité et les capacités de développement. Avec l’aide de Spinventure, nous avons engagé des personnes expérimentées et commencé à monter une équipe performante. Nous avons effectué les travaux nécessaires pour pouvoir aller en clinique. Pour la stratégie commerciale, nous avons engagé un ancien directeur commercial et marketing de grands groupes pharmas pour les maladies pulmonaires. Avec son carnet d’adresses, il est chargé de positionner la société sur le plan commercial. »
Amélioration pharmacologique
Le cœur de métier d’Aquilon Pharma est de trouver une amélioration pharmacologique pour l’asthme et la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive). « Cette amélioration va permettre de relancer les possibilités commerciales de ces produits. En forme pulmonaire, il n’y pas de nouvelle classe thérapeutique depuis 30 ans, excepté pour les asthmes très sévères, soit 5 % de la population. Pour les 95 % restants, ce sont toujours les mêmes classes de molécules qui sont utilisées, tandis que la cyclodextrine peut améliorer les trois grandes classes. En biotech, on appelle cela des bio better. Dans ce cas-ci, il s’agirait plutôt de pharmaco better, une meilleure pharmacologie. »
Levée de fonds
Actuellement, le médicament est en phase de tests cliniques 1 et 2 dans des hôpitaux de Belgique. Les tests suivants se feront à l’international. La société est aussi en levée de fonds. « Nous sommes en discussion avec des investisseurs privés. Dans le capital, il y a notamment Jean-Pierre Delwart (ancien CEO d’Eurogentec), moi-même, des business angels, l’incubateur WBC pour près de 150.000 euros et Spinventure pour 50.000 euros. Pour financer les études cliniques, nous sommes en discussion avec d’autres fonds et Meusinvest. Nous allons aussi recevoir un subside de 2,2 millions d’euros de la Région wallonne. Un capital entre 4 et 5 millions d’euros nous permettra d’aller en clinique et de passer à l’étape suivante, créer des partenariats avec des sociétés plus grandes pour entrer en phase 3. »
Aquilon Pharma emploie actuellement une dizaine de personnes. « Nous occupons des labos à l’Université de Liège. Nous sommes en train de chercher d’autres locaux. L’objectif suivant est de monter une usine-pilote de production pour 2020. Les premiers produits devraient sortir vers 2022 – 2023. Des sociétés chinoises sont déjà intéressées. Le marché chinois est devenu presque plus gros que le marché américain pour les maladies pulmonaires. »
Aquilon Pharma : Rue de Rotterdam, 23 à 4000 Liège