Chaîne d’interviews de membres entreprenants
La CCI Hainaut et Jean-Sébastien Pirnay, Administrateur Délégué du groupe PIRNAY et du bureau d’études PIRNAY, ont tendu le micro à Xavier Vanabelle, Architect, Founder & General Manger d’Asymétrie.
Propos recueillis par Tatiana Hamaide.
Malgré le fait de travailler dans le plus vieux secteur d’activité (architecture), ton métier (imagerie de synthèse) est le nouveau venu dans le secteur. Quel a été ton plus gros challenge pour lancer l’activité ?
Ça a été de faire reconnaître ce service, au début des années 2000, comme étant nécessaire, de montrer tout l’intérêt de produire des images de synthèse. A l’époque, c’étaient surtout des bureaux d’architecture qui me sollicitaient, mais certains ne voyaient pas l’utilité de communiquer avec des images. Or, moi, je pressentais déjà que « vendre », au sens propre comme au figuré, un projet était plus efficace, plus séduisant en montrant une image plutôt qu’un plan. J’ai bénéficié du développement d’Internet puis des réseaux sociaux qui ont boosté le besoin de visuels. Pour
remplir ces nouveaux systèmes, il fallait aussi des images, des animations.
Le challenge suivant a été de communiquer mon savoir-faire personnel à différentes personnes, dont je me suis entouré, pour qu’elles puissent reproduire ma vision des choses. Un projet d’architecture peut être présenté de multiples façons. Mais, moi, j’ai ma vision, celle que je me représente à travers ce que le client (l’architecte, le développeur) m’a expliqué. Il n’est pas évident ensuite de traduire à d’autres cet état d’esprit personnel, son image de marque, ni de partager ses émotions…Nous sommes tout de même dans un métier créatif !
Et quel est ta plus grande crainte pour l’avenir?
À chaque fois, mes craintes se sont révélées des moteurs pour évoluer. Notamment lorsque notre métier a été vulgarisé par des logiciels plus simples, faciles d’approche, directement utilisés dans les bureaux d’architecture, j’ai dû remettre en cause mon activité. Je suis parti du principe qu’il fallait apporter un service que le bureau d’architecture, même avec ses logiciels, ne pouvait pas offrir : c’est là que nous avons développé un service d’images de qualité, complexes, « haut de gamme ». Aujourd’hui, ce métier nous est souvent externalisé, c’est moins le cas pour de plus grands bureaux qui ont ce service en interne. Il faut savoir que ça prend du temps de créer une image, de la peindre, de l’habiller, etc. Ce travail, nous le faisons pour le client.
Qu’est-ce qui vous a mené à créer cette activité ?
Quand j’étais étudiant en secondaire, je fournissais déjà à mes copains des grandes images ou des bannières « Happy Birthday » sorties de l’imprimante à aiguilles de mon père. Était-ce le point de départ de ma carrière actuelle ? Cela étant, je me suis mis à dessiner, à peindre, maissans jamais penser à en faire mon métier. D’ailleurs, j’étais en math-sciences, ce qui m’a conduit à commencer des études d’ingénieur, que j’ai arrêtées parce que ça ne me plaisait pas. A défaut
de pouvoir entamer des études d’infographie (il en existait peu à l’époque), je me suis lancé dans des études d’architecture. J’y ai découvert un cours d’informatique qui m’a plu et, par ailleurs, un professeur d’atelier qui a cru en moi. Ce dernier m’a motivé à présenter mes projets en 3D sur ordinateur. C’était un peu révolutionnaire pour l’époque : mes camarades utilisaient des tables à dessin et, moi, j’y posais mes ordinateurs (rire) ! Pour mon mémoire, j’ai réinterprété
un projet de Victor Horta en 3D avec l’outil informatique. Le prix remporté et l’engouement pour ce travail de fin d’études m’a ouvert des portes : on m’a proposé un stage dans un bureau d’architecture qui voulait développer la 3D. Après 3 mois, j’avais déjà d’autres bureaux qui me sollicitaient pour produire leurs esquisses en 3D. Après 1 an et demi, j’ai décidé d’arrêter l’architecture, peu enjoué par le suivi de chantier et l’administratif, inhérents à ce métier.
Du jour au lendemain, je me suis lancé seul à mon compte pour proposer mes services de sous-traitance 3D. C’était en octobre 2000. À l’époque, il n’y avait pas de notion de startup, ni de levée de fonds. Je n’avais aucune compétence en gestion, ni en communication, ni commerciale. Je me suis fait tout seul !
Être un propriétaire/gestionnaire de PME est un rôle complexe. Quels sont les principes de gestion que tu as mis en place pour préserver ta passion du métier ?
Je n’avais pas de filet de protection quand j’ai commencé en tant qu’entrepreneur, je devais aller de l’avant, quitte à chuter. Ainsi, ma notion de gestion que j’ai dû mettre en place était très personnelle et consistait à dire « j’avance, je fais quelque chose pour quelqu’un, je gagne quelque chose et donc je réinvestis ce que j’ai gagné pour aller plus loin ». Ce principe, je l’applique encore aujourd’hui, je ne souhaite pas dépendre de fonds, ni d’une structure qui nous demanderait
des comptes.
Quelle est votre plus grande fierté professionnelle ?
Avoir pu modéliser en 3D la cathédrale de Tournai, dont je suis originaire. Également, d’avoir pu participer à la renaissance de la ville de Charleroi, depuis une dizaine d’années, puisque cela s’est fait à travers différents clients qui m’ont sollicité pour les visuels de leur(s) projets de bâtiment(s), de quartier(s), etc. Bref, j’ai été impliqué dans l’image de marque d’une ville! cfr. image ci-dessous.
ASYMÉTRIE en quelques mots et chiffres :
– Secteur d’activité :
Conception et production d’images, de perspectives et d’animations (3D) relatives aux projets d’urbanisme, d’architecture et de design
– Date de la création :
En avril 2006 sous forme d’une Sprl, à Strée (Beaumont)
– Nombre de personnes :
15 collaborateurs (architectes, infographistes, codeurs)
– Chiffre d’affaires :
800.000 euros
– Références clients :
Thomas & Piron, Eiffage Development, Matexi, Equilis, Sotraba, IRET Development (Rive Gauche), Samyn & Partners, BAEB, Syntaxe, Bureau d’Etudes Pirnay
– Points forts :
Image – Film – Appli virtuelle
– Site web : www.asymetrie.be