Hainaut

Sylvie Vandezande : “On ne pense plus l’habitat comme avant”

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Chaîne d’interviews de membres entreprenants

La CCI Hainaut et Xavier Vanabelle d’Asymétrie, tendent le micro à Sylvie Vandezande, Administrateur délégué de Vandezande SA.

Propos recueillis par Tatiana Hamaide.

Sylvie VANDEZANDE, Administrateur-délégué de VANDEZANDE SA

En tant qu’entrepreneur mais aussi, et surtout, développeur immobilier, comment réagis-tu au slogan « Stop au béton en 2050 » qu’a lancé la Région wallonne cette année ?
Je suis favorable à cette idée qui consiste à dire « arrêtons de mettre du béton sur des zones où il n’y en a pas, et utilisons ce qui a déjà été utilisé », en tous cas pour les grandes villes où il y a suffisamment de transformations à faire. Notamment à Charleroi, il y a tellement de friches industrielles que je ne vois pas pourquoi on irait construire sur des terrains verts. Pour certaines villes, c’est peut-être plus compliqué, parce que la pression foncière y est plus importante. Délivrer des permis de bâtir sur des terrains qui ont déjà été construits ou mis en œuvre (raccordés,
par exemple, en eau, électricité, gaz, etc.) plutôt que sur des terrains verts, constitue selon moi une approche plus rationnelle et économique de l’aménagement du territoire. Cependant, pour la mise en œuvre concrète de cette «interdiction » au béton en Wallonie (déjà démarrée en Flandre), je suis plus mitigée : des terrains qui devraient être en zone « rouge » se retrouveraient en zone « verte » et vice-versa ? Certains propriétaires seraient perdants et d’autres gagnants dans cette future « bourse aux terrains » ?

La période actuelle vit une forme intense de « Green washing », où tout devrait être vert. En quoi cela impacte ton travail ?
Quand on construit, rénove, on cherche à respecter les exigences de performance énergétique et une procédure PEB (performance énergétique d’un bâtiment), à installer des systèmes de chauffage récents, à inclure des techniques d’énergies renouvelables, etc. Mais on ne doit pas exagérer non plus, parce qu’il faut bien se rendre compte que tous ces gestes pour « sauver notre planète » ont un coût. Les acheteurs et locataires sont d’accord de faire un effort, mais cela doit rester rentable pour eux.

Quartier nouveau des Hiércheuses

Concernant les bâtiments passifs, je ne suis pas en faveur de l’ultra-passif (PEB A+++). Sur le plan économique et pratique, cela n’est pas toujours intéressant. Par exemple, nous avons construit une école maternelle « passive », sans radiateur dans les classes ni possibilité d’ouvrir les fenêtres. Imaginez quand l’institutrice a voulu sécher un pantalon mouillé d’un élève, ou aérer en cas d’odeur désagréable dans sa classe…
Sur notre projet de quartier « Les Hiércheuses » (photo ci-contre), on utilise la géothermie, et plus précisément la chaleur du terril. C’est du jamais fait en Région wallonne, ni même mondialement ! Mais cet apport d’énergie restera partiel, il faudra encore utiliser d’autres sources d’énergie. Le 100% vert, ce n’est pas réaliste, selon moi.

Depuis l’existence de Vandezande, beaucoup de choses ont certainement évolué dans la construction. Depuis que tu en as la gestion, quels sont les défis que tu as dû relever ?
Quand j’ai rejoint Vandezande en 1995, il n’existait pas de promotion immobilière au sein de l’entreprise. J’ai contribué à la création et au développement de ce nouveau service et, depuis lors, on loue 250 appartements et 50.000 m² en bureaux.
Quant aux défis journaliers, ils ont été et restent nombreux : on a vécu la crise financière, les affaires de Charleroi, on vit actuellement le dumping salarial des pays de l’est, on vit sans gouvernement… Aujourd’hui, dans la construction, le plus gros défi à relever selon moi, c’est le manque de rentabilité de nos propres hommes à nous, de nos salariés wallons, car nous avons trop de charges sociales.
Seul, on ne sait pas relever ces défis. Je pense que notre gouvernement et l’Europe ont aussi beaucoup de défis à relever !

Quels sont vos projets pour l’avenir et votre vision du futur ?
On voudrait se tourner plus vers la promotion que la construction pure. La promotion est plus complète, on peut en gérer les tenants et aboutissants, décider quand on va commencer et quand on va terminer un projet immobilier, pour bien s’inscrire dans le marché. Elle permet plus de souplesse dans le temps et pour nos équipes.

Ma vision est que les standards changent tout le temps et qu’il faut donc pouvoir anticiper lorsqu’on lance un projet immobilier (qui peut vite prendre 3 ans pour une simple construction, et 10 ans pour un plus grand projet). On sait que la démographie ne cesse de croître. On dit que Charleroi ne logera pas la plus grosse part de ces nouveaux ménages, parce que la ville est mal cotée. Je crois surtout que l’offre n’est pas adaptée à la demande : il y a dans cette ville énormément de maisons construites avant les années ’80 avec un PEB G (le pire !). Les nouveaux couples travailleurs disent ne pas avoir le temps de faire des travaux, que rénover coûte plus cher que construire nouveau. Ces maisons sont par ailleurs très grandes et ne correspondent plus aux standards actuels. La tendance est en effet au plus petit, d’autant que les octrois de crédits sont moins favorables. Et que le modèle familial a changé aussi. A Charleroi, on compte aujourd’hui 2,6 personnes par ménage. Par ailleurs, on fait des études de mobilité et paysagères parce que, de nouveau, on ne pense plus l’habitat comme avant.

 

Vandezande SA en quelques mots et chiffres :

– Secteur d’activité : construction, rénovation, génie civil et promotion immobilière, tant pour le secteur privé que public
– Date de la création : 1975 en personne morale, mais 1936 en personne physique (le fondateur était Arthur Vandezande, le grand-père de Sylvie)
– Nombre de personnes occupées : une quarantaine
– Chiffres d’affaires (2019) : 7.500.000 €
– Références clients : MRS Erik Satie pour senior living group, Quartier nouveau des Hiércheuses (au pied du terril à Marcinelle, cfr. photo plus haut dans l’article)
– Particularité : entreprise familiale basée à Charleroi, avec à sa tête Sylvie Vandezande et son frère Eric.
– Site web : www.vandezande-sa.be

 

 

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