Une reconversion professionnelle. Tout quitter et recommencer à zéro : qui n’en a jamais rêvé ? De l’idée à la réalité, d’audacieux entrepreneurs ont osé sauter le pas. Ni la stabilité d’un emploi, ni un salaire enviable ne sont parvenus à réfréner leur envie de vivre un autre quotidien. La CCI est partie à leur rencontre.
Philippe Bodeux, Agnès Reis et Quentin Spineux se sont rencontrés en formation, ont créé une coopérative et proposent aujourd’hui leur pain au levain dans leur magasin de la rue Saint-Léonard à Liège. Découvrez leur projet et leurs motivations…
- Comment est née cette reconversion : « Tous trois, nous avions simplement envie de changer de métier.»
- Le déclic : « J’ai toujours fait du pain, ma passion depuis que j’étais ado, explique Philippe Bodeux. J’ai construit mon premier four à pains à 16 ans. J’ai entamé une formation professionnelle quand j’ai quitté mon boulot en décembre 2017. Nous nous sommes rencontrés lors de formations (IFAPME, Forem…) et avons suivi des stages en boulangerie. Nous avons ouvert la boulangerie en novembre 2018.»
- Une prise de risque importante ? : « Oui, on quitte un boulot, un salaire, pour rien du tout. Nous nous sommes fait accompagner par différentes structures. Nous sommes passés devant notaire pour créer la coopérative en septembre 2020 où nous sommes tous trois indépendants. Nous avons investi 120 000 € (achat d’un nouveau four, équipement du magasin…) à l’aide de nos fonds, la famille et la Région wallonne. Nous louons le magasin à une autre coopérative et avons engagé une vendeuse.»
- Votre quotidien professionnel avant : « Agnès Reis était porte-parole de la Police fédérale, Quentin Spineux webdesigner, et moi-même journaliste au Soir, responsable du bureau de Liège.»
- Votre quotidien professionnel aujourd’hui : « Nous ne travaillons pas la nuit, ni le week-end. Nous commençons à 6 heures par une tournante. Pour nous, un bon pain, c’est un bon levain naturel que nous avons créé. Outre le goût, le pain se conserve plus longtemps, il est plus digeste et le corps va assimiler les minéraux. La plupart de nos farines sont biologiques, sinon locales, farine blanche de Haneffe, fruits frais et locaux pour nos tartes et gosettes. Les pains sont façonnés à la main.»
- Qu’avez-vous gagné dans cette aventure ? : « Nous avons gagné le fait de construire ensemble une activité qu’on aime avec des sensibilités différentes. Etre parvenu à le faire en collectif est très satisfaisant. C’est un fameux défi d’arriver à ce que chacun s’y retrouve, avec son rythme de travail et ce qu’il aime faire.»
- Des regrets ? : « Aucun pour chacun de nous. Je suis très content d’avoir quitté mon boulot. C’était le bon moment, quand on a encore un peu de ressource, d’énergie, après 20 ans dans le même métier. Je ne me voyais pas être encore journaliste pendant 20 ans.»
- Le secret d’une reconversion réussie : « Rencontrer des personnes du métier et limiter au maximum les investissements, acheter d’occasion, ne pas se mettre la corde au cou.»