Coopératives, ETA, libérées, familiales, dirigées par un tandem ou un trio, fruit d’un management by out, etc.: nous sommes partis à la rencontre d’entreprises qui ont un modèle particulier. Aujourd’hui, rencontre avec Pierre Dehaspe, directeur général de l’Atelier Les Gaillettes à Battice.
QUELLE EST L’ACTIVITÉ PRINCIPALE DE VOTRE ENTREPRISE ?
« Nos équipes sont compétentes dans différents secteurs. Elles réalisent un grand nombre de prestations adaptées à divers besoins. En menuiserie intérieure et extérieure, nous réalisons des abris de jardin, à bûches, des niches, nichoirs, poulaillers, clapiers… Nous sommes spécialisés dans la création en séries de présentoirs publicitaires. Nous proposons également de la soudure et de l’assemblage métallique. Nous disposons également d’un service conditionnement pour de l’alimentaire avec mise sous film, étiquetage, mise sur palettes. Enfin, notre personnel peut être mis à disposition pour des entreprises.»
QUEL EST VOTRE MODÈLE D’ORGANISATION ?
« L’Atelier Les Gaillettes est une entreprise de travail adapté (ETA) fondée en 1971 sous la forme juridique d’asbl. Nous offrons quotidiennement à des personnes moins valides et moins qualifiées, l’opportunité d’avoir un emploi leur permettant de s’insérer durablement dans la société, tout en leur garantissant des conditions optimales sur les plans de la rémunération, de la promotion, de l’encadrement et de l’accompagnement social.»
COMMENT ÊTES-VOUS ARRIVÉ À CETTE FORME ?
« L’Atelier Les Gaillettes est sous forme d’asbl pour être dans les conditions permettant de percevoir les aides de l’Aviq.»
QUEL EST L’IMPACT DE CE MODÈLE D’ORGANISATION SUR LE MANAGEMENT ?
« Nous employons 250 personnes, soit environ 200 ouvriers moins valides et une cinquantaine d’encadrants. Il est nécessaire d’avoir un encadrement plus important que dans d’autres entreprises.»
QUELS SONT LES AVANTAGES D’UNE TELLE STRUCTURE ?
« Pour les personnes moins valides employées chez nous, c’est l’occasion de travailler, d’être actifs, de jouer un rôle social, d’être utiles. Pour nous, la forme juridique d’asbl nous permet de bénéficier de subsides.»
QUELLES SONT LES DIFFICULTÉS LES PLUS COURANTES QUE VOUS RENCONTREZ ?
« Ce n’est pas toujours facile d’attirer du personnel d’encadrement, des collaborateurs. Il faut que ces personnes aient un sens social développé, qu’elles soient soucieuses d’aider des moins valides et qu’elles fassent preuve de beaucoup de respect envers ces personnes.»
COMMENT EST-CE PERÇU PAR LE PERSONNEL ?
« Notre rôle social rend notre personnel fier de travailler chez nous et de collaborer à ce beau projet.»
COMMENT EST-CE PERÇU PAR LES CLIENTS ?
« C’est bien perçu par nos clients car nous sommes moins chers que la plupart d’autres entreprises travaillant dans les mêmes secteurs. Les clients exigent de plus en plus un bon niveau de professionnalisme. C’est l’un des avantages de ce modèle d’ETA ; on est obligé d’arriver à une qualité égale avec moins de moyens et à moindre coût.»
FAITES-VOUS CONNAÎTRE CETTE SPÉCIFICITÉ VERS L’EXTÉRIEUR ?
« Oui, nous faisons connaître cette spécificité à l’extérieur. Nous travaillons en circuit court, en économie circulaire et, en plus, nous jouons un rôle social avec l’intégration de ces personnes. Nous communiquons beaucoup à ce sujet. Pas mal de personnes recherchent ce genre d’entreprises et ce type de services.»
EN QUOI POUVEZ-VOUS INSPIRER DES RESPONSABLES D’ENTREPRISES ET AVEZ-VOUS UN CONSEIL À LEUR DONNER ?
« Nous pouvons, en effet, inspirer des responsables d’entreprises. Il faut gérer cette entreprise comme une société normale, avoir une bonne vision des choses, et du respect pour ces personnes moins valides. Et s’accrocher, car ce n’est pas toujours facile.»
(Photo Les Gaillettes)