Coopératives, ETA, libérées, familiales, dirigées par un tandem ou un trio, fruit d’un management by out, etc.: nous sommes partis à la rencontre d’entreprises qui ont un modèle particulier. Aujourd’hui, rencontre avec Douchan Zangerlé, administrateur et développeur senior d’ISIS à Verviers.
QUELLE EST L’ACTIVITÉ PRINCIPALE DE VOTRE ENTREPRISE ?
« Nous en avons trois. Nous sommes distributeurs d’un outil permettant de développer des applications et destiné à des communautés de développeurs ou des entreprises qui mettent au point leur propre logiciel, en Belgique et au Luxembourg. Nous avons aussi notre logiciel de gestion, Equisis, un ERP multiplateforme, que nous intégrons dans des PME. Nous proposons également des applicatifs sur mesure pour des PME.»
COMMENT ÊTES-VOUS ARRIVÉS À CE MODÈLE DE TANDEM ?
« En 1987, alors qu’il était assistant à HEC-Liège, Wilfried Niessen a fondé, à Verviers, en association avec Jean-Marc Schellings, la société informatique ISIS. Leur objectif était de développer leur logiciel de comptabilité EQ qui deviendra Equisis. Suite au décès inopiné de son associé, Wilfried Niessen, doyen de HEC-ULiège, a décidé de remettre l’entreprise à deux de ses employés de la première heure, moi-même et Alan Blokken. Nous pensions déjà nous lancer. Nous avons sauté sur cette opportunité et racheté les parts.»
QUEL EST L’IMPACT SUR LE MANAGEMENT ?
« Avec la fiduciaire, l’autre société fondée par Wilfried Niessen, nous sommes une dizaine de personnes. Il y a quelques mois, nous avons ouvert l’actionnariat à deux employés.»
QUELS SONT LES AVANTAGES DE CE MODÈLE ?
« Nous connaissions très bien la société et nous avons ainsi évité le rachat par une entreprise tierce. C’est un avantage d’avoir quelqu’un avec qui partager les réussites comme les difficultés. On se sent moins seul pour diriger le navire. On peut se reposer l’un sur l’autre. Quand l’un de nous prend des congés, l’autre est là pour tenir la barre. Nous sommes complémentaires, cela ne peut que bien se passer. Nous gérons chacun nos spécialités de prédilection. Alan va s’occuper plutôt de la gestion des stocks, de la gestion commerciale. Moi, plutôt de la gestion de projets, de la comptabilité, des finances.»
QUELS SONT LES INCONVÉNIENTS ?
« Comme on s’entend bien, je ne vois aucun point négatif sur ce mode de fonctionnement.»
COMMENT EST-CE PERÇU PAR LE PERSONNEL?
« Au niveau du personnel, il y a forcément eu un temps d’adaptation puisque de collègues, nous sommes devenus les patrons. Là aussi, il faut les rassurer, montrer que nous avons la capacité de gérer correctement.»
ET PAR LES CLIENTS, LES FOURNISSEURS ?
« Alan comme moi-même, nous étions déjà les principaux interlocuteurs de nos clients. Nous les connaissons bien, nous sommes impliqués dans la relation avec eux. Nous n’avons pas subi d’abandon de clients vis-à-vis de nos services, cela s’est fait de manière fluide. Nous avons été rapides pour rassurer tout le monde. Ils ont su que l’aventure allait continuer et cela les a rassurés. Pareil avec nos fournisseurs. Cela a permis de maintenir le bateau et ses activités.»
EST-CE REPRODUCTIBLE DANS D’AUTRES ENTREPRISES ?
« Oui,bien sûr. Mais c’est indispensable d’avoir une complémentarité pour ne pas marcher sur les plates-bandes de l’autre et que chacun s’y retrouve dans cette façon de faire. Cela permet d’agir de manière efficace dans les différentes tâches dévolues.»
VOTRE MODÈLE POURRAIT-IL INSPIRER DES RESPONSABLES D’ENTREPRISES ET AURIEZ-VOUS UN CONSEIL À LEUR DONNER ?
« Il faut avoir confiance en son partenaire, c’est essentiel. Il faut aussi avoir conscience des forces et des faiblesses de chacun afin de répartir au mieux le travail et de s’affecter des rôles qui soient les plus efficaces possibles.»
(Photo ISIS)