Dominique Mangiatordi, fondateur de l’agence ØPP, avait annoncé des découvertes décoiffantes. L’invité principal de la conférence-débat intitulée ‘L’Intelligence Artificielle et ses enjeux pour votre entreprise’ n’a pas déçu, tout comme les différents participants au débat qui ont apporté des témoignages éclairants au cours de cette soirée organisée au B3 à Liège par la CCI LVN, en collaboration avec Agoria et Digital Wallonia.
« Diriger à l’ère de l’IA est le nouveau défi du management » affirme cet expert convaincu. « Les entreprises qui vont disparaître sont celles qui n’utiliseront pas l’IA ». Et Dominique Mangiatordi d’aller plus loin, apportant des exemples concrets : « L’IA peut aider le dirigeant sur sa vision, ses décisions, sa motivation, sa créativité, la gestion de crise ou encore l’automatisation. »
L‘incroyable ChatGPT
Si l’IA existe depuis 50 ans, la grande nouveauté, c’est l’IA générative et le buzz mondial de ChatGPT. Cet outil développé par OpenAI – qui vient de défrayer la chronique la semaine dernière avec les tribulations de son patron Sam Altman – est actuellement le plus connu et le plus performant, mais il existe de nombreux autres outils, et même de véritables boîtes à outils.
Bien sûr, et Dominique Mangiatordi le reconnaît, il ne faut pas tout prendre pour argent comptant. « ChatGPT est basé sur la vraisemblance des résultats et n’est pas la vérité ».
« N’utilisez pas ChatGPT dans un domaine que vous ne connaissez pas » renchérit une des participantes au panel, Isabelle Damoisaux-Delnoy qui a fondé l’agence IDDUP prodiguant notamment des formations aux entreprises. « Il convient de rester maître de ce qu’on écrit et de vérifier » ajoute Frédéric Peters, administrateur délégué de la société namuroise Thelis / Xelis et pionnier en matière d’IA.
Mais tous sont persuadés de l’importance – que dire, de l’indispensable nécessité – pour les entreprises d’intégrer l’IA.
Caroline De Paepe, executive assistant chez Knauf, ne dira pas autre chose. « J’ai à présent mon propre assistant …virtuel. N’ayez pas peur ! Adoptez l’IA sera aussi utile dans votre vie privée. »
Dans son langage cash, Dominique Mangiatordi confirme que « les collaborateurs formés à l’IA ne seront pas licenciés mais bénéficieront d’un assistant personnel ». Par contre, il ne cache pas que des métiers sont en danger (avocats,…) voire appelés à disparaître (traducteurs,…). « Des métiers sont aussi en ballotage, d’autres sont améliorés et de nouveaux métiers vont naître. »
Comment débuter dans son entreprise ?
« Il convient d’aborder ce qui apportera le meilleur à court terme » affirme Frédéric Peters. « Commencez par les petits cailloux qui vous feront gagner du temps avant de vous lancer dans des projets complexes. L’IA est par exemple idéale pour répondre à un appel d’offres, qui reste un document très structuré. »
« Soyez enthousiaste, faites-vous aider, ayez quand même un peu peur » ajoute Dominique Mangiatordi. Quand une personne du public l’interroge sur ce qui restera à l’humain face à l’avènement de l’IA, le spécialiste liégeois répond : « le plaisir, la motivation, le courage, la patience,… ». Et de préciser que les dirigeants doivent travailler sur les valeurs humaines. L’IA peut réenchanter de nombreux métiers en réduisant les tâches ingrates et peu épanouissantes.
Des interrogations subsistent, notamment autour de l’éthique. Néanmoins, une certitude parcourait l’ensemble du public présent mardi soir au B3 : personne n’est sorti indemne de cette soirée.
Comme l’a rappelé Emilie Fockedey (Agoria, Program Manager DigitalWallonia4.ai) qui animait le débat, le dernier baromètre wallon de Digital Wallonia montre que 7 % seulement des entreprises utilisent l’IA… Le chantier est donc vaste, au moins pour prendre le meilleur de l’IA.
(Photos Marie Dumont Twenty2)
