C’est un rêve d’enfant qui se réalise, celui de construire des cabanes dans les arbres et qui fait déjà beaucoup d’heureux. Et pas seulement les concepteurs et les hôtes de ces cabanes, mais aussi toute une communauté locale d’artisans qui ont œuvré et oeuvrent encore à ce beau projet ancré dans le Condroz hutois.
A l’initiative, Thomas Crucifix, qui a fondé avec son cousin, Bandi, fabrication de mobilier de jardin. « C’est en allant livrer une table dans une cabane perchée que l’idée des cabanes a resurgi dans mon esprit » se souvient-il. « Un terrain était à vendre en bas de ma rue à Villers-le-Temple. Un terrain improbable de 60 ares, une ancienne carrière, un dénivelé de 25 mètres, exposé plein sud, ultra boisé avec de la roche partout. Un terrain très chouette, mais très compliqué. »
Les feux verts de la banque et de la commune obtenus en avril 2021, les premiers coups de pelle sont donnés en août 2022, les travaux attaqués en septembre. De sacrés travaux ! « Il a fallu abattre 200 arbres malades ou morts, bons pour en faire de la biomasse et les remplacer par 200 arbres d’essences locales durables, notamment des chênes et des noisetiers. Comme il était impossible d’amener une grue sur le terrain, tout a été fait par le haut ». Un travail de titan pour des cabanes au confort d’un quatre-étoiles.
Faire tourner l’économie locale
Souvent, les cabanes perchées sont assez rustiques. Pas ici. « J’aimais le style de maisons modernes américaines perdues dans la forêt. Pierre Strijckmans, architecte du bureau Esquisse à Andenne, et moi avions une vision similaire de ce qu’on voulait. Des cabanes sur pilotis, l’impression d’être dans les arbres sans l’être. »
Trois cabanes, toutes différentes, sont terminées et déjà bien occupées. L’une est en intérieur bois, la deuxième au pied d’un chêne dispose de la plus grande terrasse, la troisième est installée dans les arbres. Idéal pour un moment de déconnexion en couple. Car l’intérieur ressemble davantage à une suite d’hôtel de luxe (literie haut de gamme, douche à l’italienne, grandes baies vitrées, vue imprenable, vraie cuisine) qu’à une cabane de scouts.
Equipées de triples vitrages, pompes à chaleur, climatisation, bientôt, des baignoires extérieures et du photovoltaïque seront installés. « Nous serons auto-suffisants pour les gros besoins. »
Le petit-déjeuner est proposé avec uniquement des produits locaux. « Le but est de faire tourner l’économie locale. Le ferronnier, qui a réalisé la structure métallique des fondations, est en bas de la rue. Il avait déjà construit la station polaire Princesse Elisabeth en Antarctique, notre projet escarpé ne lui faisait pas peur ! Pour la construction, pas de bois exotique, mais de la région. »
Une quatrième cabane va être construite. « Ce sera la plus aérienne. Sur la terrasse, on aura la sensation d’être à dix mètres de haut. »
On l’a compris, Ciméo ne deviendra jamais un centre de vacances. « Si on se développe, cela restera très local. C’est un travail de proximité. La région est magnifique et très peu touristique. Le terrain est vallonné et boisé avec des arbres feuillus. Le village compte de nombreux artisans, un maraîcher, une microbrasserie, une ferme qui fabrique du fromage, un marché local… Beaucoup de petits acteurs locaux qui s’entendent bien. Une réelle dynamique se crée. » Une belle synergie de développement local est en cours à Villers-le-Temple.
(Photo Ciméo: Thomas Crucifix, le fondateur, et Pierre Strijckmans, l’architecte, ainsi que leurs compagnes)
