En pleine campagne électorale, la CCI LVN a réuni à Namur deux personnalités d’envergure pour une rencontre avec les membres. L’économiste et professeur Bruno Colmant et le journaliste du Trends Tendances Olivier Mouton ont abordé quelques-uns des grands défis sur l’avenir de la Belgique, qu’ils ont rassemblés dans un ouvrage (*).
« Notre pays n’est plus vraiment une démocratie » a constaté d’emblée Olivier Mouton en pointant le poids des partis. « Le vote est capturé par les présidents de partis qui gèrent la Belgique » ajoute Bruno Colmant. « Aujourd’hui, il y a pratiquement autant de ministres non élus que d’élus ; l’esprit de la Constitution a été dénaturé. Les citoyens doivent revendiquer une représentation claire. »
Et les deux hommes d’appeler à l’intelligence collective, à l’intégration d’une dynamique citoyenne, de l’énergie des entreprises ou encore des jeunes qui ont marché dans la rue en faveur du climat,…
« Beaucoup de patrons me disent qu’ils ont besoin d’un récit » relève Olivier Mouton. « Il faut bâtir une communauté de destin. Il faut des instruments libérant ces énergies pour avoir un rouleau compresseur qui se met en marche. Mais est-ce que les partis politiques sont prêts à ça ? »
Au-delà de la délicate confrontation entre les modèles francophone et néerlandophone, il y a urgence car la pression des marchés financiers et de l’Europe constitue une véritable menace. Sans compter deux autres menaces endogènes que pointent ces deux experts : le vieillissement, dont « le système n’est plus viable, notamment parce qu’il ne repose plus que pour une moitié sur les cotisations sociales », et les mutations technologiques liées à l’intelligence artificielle, qui « impactent la valeur travail ». Et les politiques n’ont pas constitué de réserves… Et on ne cesse de reculer devant l’obstacle…
Conclusion : « la combinaison de ces deux éléments fait tomber toute la logique actuelle de la protection de l’Etat social. »
Heureusement, la croissance économique de la Belgique est largement influencée par celles de ses voisins.
Il n’empêche, « au-delà de la nécessité de faire basculer la fiscalité, l’enjeu en Belgique et en Europe est une révolution de mentalités » précise Olivier Mouton. « Quand on est face au mur, il faut travailler ensemble. Il existe de vrais problèmes sur lesquels on ne pourra pas continuer à faire l’autruche. Si les francophones ne bougent pas sur certaines réformes, ce sera terrible. Les francophones disent aimer leur pays, mais il n’agissent pas pour le préserver. »
Et Bruno Colmant de conclure. « Nous ne sommes pas dirigés aujourd’hui par des personnes qui nous incitent à avoir du caractère à titre personnel ou collectif. Il faut pourtant prendre son destin en mains. »
(*) ‘La Belgique de demain, 24 défis pour un avenir commun’, éditions Renaissance du livre / Mardaga
(Photo Marie Dumont Twenty 2)