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Comment allier sponsoring sportif et stratégie d’entreprise

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À travers son engagement dans le cyclisme féminin en tant que partenaire principal de la meilleure équipe du monde, SD Worx démontre qu’un partenariat sportif peut être bien plus qu’une question de visibilité. Pour l’entreprise, il s’agit d’une véritable philosophie managériale, axée sur la cohésion, la performance collective ou encore l’égalité.
Entre la Flèche wallonne et Liège-Bastogne-Liège, AKT – CCI LVN a proposé à ses membres de rencontrer à ce sujet Bruce Fecheyr-Lippens, directeur des ressources humaines de SD Worx. Retour sur cette soirée organisée dans le magnifique cadre de la Maison du Cyclisme à Remouchamps.

Pourquoi une société comme SD Worx a-t-elle décidé, en 2021, d’investir dans le sponsoring sportif ?

Nous avions cette volonté de grandir, de nous rassembler autour d’un projet fédérateur, et de sortir du simple schéma “on donne de l’argent pour avoir de la visibilité”. Nous avons beaucoup débattu sur la meilleure voie : le football est très visible, mais il divise. Certains adorent une équipe, d’autres la détestent. Nous voulions éviter cette situation.
De plus, 70% de nos effectifs sont des fans de sport.

Nous souhaitions aussi un projet qui reflète notre diversité et notre esprit entrepreneurial. Le cyclisme féminin est apparu comme une évidence : un sport en forte croissance, encore peu médiatisé, mais porteur d’égalité et d’impact.

Nous avons ainsi décidé de sponsoriser une équipe féminine, devenant rapidement un acteur majeur avec la Team SD Worx. En cinq ans, la visibilité du cyclisme féminin a explosé : aujourd’hui, il est largement diffusé à la télévision en Belgique et ailleurs.
Nous restons concentrés sur le cyclisme féminin ; avec le budget actuel, nous sommes leader dans notre domaine, ce qui serait impossible dans le cyclisme masculin avec des coûts bien plus élevés.

Présentez-nous brièvement votre équipe : ses forces, ses faiblesses et son palmarès.

C’est une équipe très internationale avec six à huit nationalités. Ce multiculturalisme est fondamental pour nous. Mais la véritable force réside dans l’esprit d’équipe : stages réguliers, activités hors vélo pour construire le “team spirit”… Ils fonctionnent comme une vraie famille.
Et nous, en tant qu’entreprise, nous nous inspirons beaucoup de cette capacité à créer un collectif performant orienté vers un objectif commun.
Par ailleurs, le palmarès est impressionnant : championnes du monde, multiples victoires d’étapes, et surtout, une capacité à faire briller tous les membres de l’équipe, pas seulement les stars.

Concrètement, en quoi consiste votre partenariat ?

C’est un projet qui a autant d’impact externe qu’interne.
Au-delà du financement, nous créons des interactions régulières : sorties vélo avec nos clients et collaborateurs pour aller voir les courses, renforcer la cohésion, et partager cette aventure,…

Nous sommes en dialogue constant avec l’équipe, y compris dans le choix des nouvelles recrues pour soutenir notre stratégie internationale. C’est un partenariat organique, basé sur des échanges riches dans les deux sens.

Ce partenariat doit générer beaucoup de fierté interne, non ?

Énormément ! Lors des victoires, nos groupes WhatsApp explosent d’enthousiasme.
Et puis, c’est un formidable sujet de conversation avec les clients, une manière humaine et authentique de créer du lien.
En interne, nous avons vu un véritable boom des activités sportives depuis 2021, surtout autour du vélo.

En termes de notoriété, quel est l’impact ?

Il est très concret : 10% des personnes qui connaissent SD Worx citent le cyclisme comme point de contact. Cela renforce notre image de marque, notamment à l’international (Angleterre, Allemagne…).
Et oui, cela aide aussi à faire du business.

Pour vous, qu’est-ce qu’une équipe performante ?

Ce n’est pas juste gagner. Le vrai succès, c’est que chacun dans l’équipe se sente impliqué et valorisé. Quand toute l’équipe contribue aux victoires, quand même les moins en vue vivent leur moment de gloire, alors c’est une vraie réussite collective.

Comment fixez-vous les rôles et objectifs de chacun ?

Dès le début de saison, chaque cycliste fixe ses objectifs personnels. Tout est clarifié : qui va viser quelles courses, qui va aider qui.
C’est exactement ce que nous essayons de transposer dans le monde du travail : avoir des discussions ouvertes sur les ambitions individuelles et collectives.

Comment attirer et fidéliser les talents ?

Il faut accepter que certains talents partent, et c’est sain. Cela crée de l’espace pour la relève. Le management doit être stratégique : savoir sur qui miser, et comment construire une équipe équilibrée, entre leaders et soutiens.

Comment concilier exigence et bien-être ?

Même les championnes ont besoin de déconnecter : trois à quatre semaines sans toucher un vélo après la saison.
Dans l’entreprise, c’est pareil : nous devons encourager nos collaborateurs à vraiment couper, à trouver leur équilibre quotidien, sans culpabilité.

Dans le cyclisme, il y a des victoires mais aussi beaucoup de défaites. Comment gérer la motivation ?

Il faut accepter que perdre fait partie du jeu. C’est surtout mental : les meilleurs sont ceux qui transforment chaque défaite en moteur pour rebondir.

Comment fonctionnent les rémunérations dans votre équipe cycliste ?

La base est un salaire fixe, complété par des primes collectives en cas de victoire.
Cela renforce l’esprit d’équipe, comme chez SD Worx où nous avons aussi évolué vers des modèles hybrides de rémunération, mêlant collectif et individuel.

Finalement, l’argent est important, mais ce sont surtout les moments partagés qui comptent ?

Exactement. Les vrais souvenirs, les vraies émotions, ce sont celles vécues ensemble, pas celles liées au montant du bonus.

(Photo Marie Dumont / Twenty2)

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