
Simple ambition esthétique ou moteur de créativité et d’innovation, ou encore vecteur de croissance : le design se répand dans le monde économique. La preuve avec une galerie de portraits éclairants sur la multitude de facettes déclinées au sein des entreprises. Une sélection effectuée en collaboration avec Wallonie Design. Aujourd’hui, rencontre avec Christian Lange, fondateur et administrateur délégué de Glutton.
Quelle est votre activité ?
« Depuis plus de vingt ans, nous concevons, fabriquons et commercialisons des aspirateurs électriques urbains et nous innovons avec la balayeuse de rue électrique Glutton Zen. Nous sommes présents dans plus de 80 pays sur les cinq continents avec plus de 8 000 villes équipées. »
Qu’est-ce qui vous a motivé à faire appel à des designers pour votre entreprise ?
« Nous avons fait appel au designer Jacques Tilman pour notre nouvelle balayeuse électrique. Je suis convaincu que, pour réussir avec un produit, le design est essentiel. Nous devions nous faire aider par un professionnel. Même techniquement bon, un produit laid ne se vend pas. Ce modèle à quatre roues sans rejet de CO2 est destiné à circuler dans les centres urbains du monde entier. »
Quelles ont été les premières réflexions et le travail en interne ?
« Avant de nous adresser à des designers, nous avons réalisé une étude théorique avec une machine sans design, mais qui nous a permis de mesurer la quantité d’énergie à embarquer, le choix des batteries et les puissances consommées par les moteurs. Ensuite, nous avons rencontré Jacques Tilman avec un cahier des charges précis et rigoureux. »
Avez-vous des exemples de défis rencontrés dans cette collaboration ?
« Nos exigences étaient compliquées pour les designers. On voulait que la balayeuse fasse maximum 1,98 m de haut pour pouvoir entrer dans les parkings souterrains où une barre empêche de rentrer si l’engin fait plus de 2 mètres. En effet, des clients nous acceptent pour nettoyer ces parkings ou veulent y stocker la balayeuse. De plus, je voulais qu’on puisse accueillir, de manière confortable, un opérateur de grande taille, jusqu’à 2,05 m. Une grosse contrainte. Des concurrents qui vendent ce genre de machines ne peuvent accepter des utilisateurs plus grands qu’1,76 m. Je voulais une machine compacte, mais capable d’accueillir une personne de grande taille. Pour les designers, cela a été un challenge. Je leur ai dit : ‘Impossible n’est pas Glutton !’ La solution a été de descendre le plancher de la cabine. Pour y arriver, cela a été difficile parce que sous ce plancher, il y a beaucoup de technique, un système d’aspiration, des balais, des bras de balais… Il a fallu redesigner le tout pour le rendre plus compact. Nous les avons aidés en cherchant des solutions, en nous remettant en question, en concevant nous-mêmes nos parties techniques. »
Cette collaboration a-t-elle duré longtemps ?
« Nous avons contacté Jacques Tilman en janvier 2016. On a mis dix mois pour faire le design avec un modèle en bois. Puis, on a fait fabriquer les composants, les moules pour les carrosseries et designer la cabine. Et on a présenté le prototype, Glutton Zen Zéro à l’équipe en novembre 2016. »
Avez-vous un retour sur investissement ?
« Pas encore. On a présenté la balayeuse lors d’un événement en juin 2017. Les premières démarches commerciales ont eu lieu en 2018. Nos villes clientes ont des processus de décision très longs. Puis, le Covid est arrivé. On en a quand même vendu quelques-unes dans les pays limitrophes, ce qui nous a permis d’avoir des retours du terrain, qui sont excellents. C’est seulement maintenant qu’on va la vendre à l’exportation en Europe. Marseille en a acheté quatre, Monaco une. »