« Les clients sont devenus de plus en plus exigeants », « ils souhaitent vivre une expérience », « les Belges redécouvrent leur pays », « le public se recentre sur ce qui existe autour de chez lui », « les visiteurs commencent à revenir dans la cité ardente malgré le ‘Liège bashing’ orchestré principalement par les Liégeois eux-mêmes… ».
Voilà quelques-uns des enseignements tirés par des professionnels du tourisme aux profils variés réunis à l’initiative de l’association de professionnels du tourisme Skål International Liège, 5 ans après le début de la pandémie du covid.
Comme l’a rappelé Benoît Paquay, spécialiste du tourisme, les changements se sont avérés très nombreux ces 5 dernières années, avec des conséquences pour le secteur du tourisme : géopolitique, nouvelle organisation du travail, impacts du réchauffement climatique, inflation, nouveaux canaux de distribution, développement de l’IA, rôle des réseaux sociaux et influenceurs, gestion des datas, préoccupations environnementales, slowtourisme, locatourisme, surtourisme, tourisme médical, expériences immersives, évolution du MICE, diminution du low cost et augmentation du tourisme de luxe, nouvelles législations, diminution des subsides publics… Soit autant de paramètres qui influent de près ou de loin les acteurs touristiques dans la province de Liège. Sans compter les spécificités de la nouvelle génération alpha qui constitue les touristes de demain.
Solidité financière essentielle
Mais le plus important est probablement d’atteindre une robustesse financière pour résister aux crises futures. « Il est essentiel de stabiliser les finances et de ne compter que sur soi-même » souligne Christian Delange, directeur des Voyages Deltour, qui a observé une reprise fulgurante ces deux dernières années, avec des réengagements rapides.
« Face aux évolutions institutionnelles, le défi est d’avoir de la résilience pour assurer sa survie et rebondir par rapports aux difficultés qui apparaissent de plus en plus vite » ajoute Laurent Weytjens, directeur des Domaines Touristiques du Vallon de l’Amblève (Domaine de Palogne).
« Nous avons besoin de nous regrouper » souligne de son côté Laurent Radermecker, échevin du tourisme, du commerce et du thermalisme à Chaudfontaine, en citant l’exemple du GREOVA (Groupement Régional Économique Ourthe-Vesdre-Amblève). « Les Communes doivent par exemple se spécialiser pour proposer une offre itinérante. »
Personnaliser l’offre, c’est devenu une nécessité.
« Les touristes sont en recherche d’expériences » constate Olivier Rouma, président de l’association des hôteliers liégeois. « Les nouveaux hôtels doivent avoir un story-telling et être attentifs à la manière dont ils se présentent. Il convient aussi de revoir la façon de communiquer, notamment vers les jeunes. »
Et Olivier Rouma d’ajouter qu’il manque de capacités hôtelières en province de Liège, d’autant que Liège Expo et la palais des congrès contribuent à relancer le tourisme d’affaires. La Cité ardente a ainsi raté des opportunités par manque de chambres.
Ce n’est pas Amaury Bertholomé, directeur général du Circuit de Spa-Francorchamps, qui contredira cette nécessité, alors que le Circuit accueille du tourisme d’affaires un jour sur deux. « Depuis le covid, nous enregistrons un retour en masse du public avec environ un million de personnes par an. Nous observons aussi un rajeunissement et une féminisation des spectateurs. Plus de la moitié du public du dernier Grand Prix avait ainsi moins de 34 ans. C’est peut-être en partie un effet de la série Netflix. »
Mais c’est tout l’écosystème qui est important. « Pour avoir du public, il faut du spectacle et un business modèle qui fonctionne avec des organisateurs de courses, des constructeurs, etc. en bonne santé financière et avec de la stabilité géopolitique. On sent quand même que les dépenses diminuent. »
On en revient donc aux moyens financiers, indispensables tant au niveau des particuliers que des entreprises et des pouvoirs publics, pour faire tourner le secteur touristique.
